jeudi 12 décembre 2019

La dernière coulée en écriture…

Atelier d'écriture dans le cadre de l'exposition photographique 
à Puy l'Évêque 
La dernière coulée 

Au creux du feu

Points, points de lumière
fourmis, fourmis de braise
fourmis, fournaise
larmes, larmes incandescentes
larmes blanches
larmes étincelles
larmes de feu
enfer d’hier
chaleur intense
infernale chaleur
langue brûlante

combien de Celsius
combien de fahrenheit
combien ? mille, dix mille
peu importe,
chaud, très chaud
brulant, hyper brûlant
aux portes du chaudron
du chaudron blanc intense…

mais, là, dans le coin supérieur droit
une ombre coulée dans l’ombre
une silhouette masquée
silhouette enveloppée de fourmis de braises
jean-paul C.

Dernier jour au feu

Matin d’hiver. Je me prépare à vivre la dernière journée à l’usine. L’heure F a sonné, F comme fermeture. Il fait beau, très beau, une belle matinée de février. Je vais y aller à vélo, oui, à vélo jusqu’au bord de l’eau, l’eau froide du Lot, celle qui refroidit les rives de l’enfer des hauts fourneaux, avec ses couches de feu engloutissant des tonnes de minerai depuis près de deux siècles.
À vélo, tu vas y aller à vélo par ce froid, me lance Suzanne sur le pas de la porte. Elle n’a pas vu ce que j’ai glissé dans mon sac à dos. Je pars en tenue de travail. Un bon pull de laine sous la salopette tachée de flammes rouillées. Mes chaussures sécurit aux pieds ; pas facile pour pédaler.
Toute l’équipe de la dernière coulée est déjà là, prête, recueillie, malgré le mugissement de la bête toujours affamée ignorant qu’il s’agit de son dernier festin. Les gestes s’effectuent calmement dans l’immense cathédrale d’acier où il fait si bon en plein hiver. Gestes précis, rituels, le moindre faux pas peut-être fatal. Y’a-t-il des larmes dans les yeux rougis devant la dernière coulée, rouge magma ; larmes d’adieu, de soulagement…
Au vestiaire, discrètement, je me change, sors mon costume, du dimanche, mes plus belles pompes. J’avance en silence jusqu’au couloir où je dépose les deux chaussures sécurit sur le porte bagages… Et je sors ; dans la rue de Monssempron, je marche droit, élégant tel un gentleman s’en allant au bal…
jean-paul C.

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