Cap à l'ouest…

Dans un bouquet de lumière

ce jeudi 23 janvier 2020

nous quittons Lanau

sa prairie, ses bosquets,

ses chevreuils, ses écureuils…

nous les emportons vers l'ouest

jusqu'à l'estuaire de la Charente…

Lecture entre deux cartons…

Les cartons s'amoncellent,
la lecture de Écoutez nos défaites
ponctuent les gestes mécaniques
cartons, scotch, carton, scotch…

(…) Elle pense alors à Assem à qui elle a donné la statue de Bès. Où est-il maintenant ? Peut-elle imaginer qu’ayant trouvé la statue, à son départ de Zurich, il l’a sortie avec précaution et l’a caressée comme s’il caressait la part sacrée du temps ? p. 102

(…)

Il sort la statue du dieu Bès qu’elle lui a offerte, la statue échappée des fouilles, passée de main en main comme un secret… p. 280

(…)

Il la manipule avec déférence et la pose dans le trou qu’il a creusé. La statue frémit sûrement de retrouver le contact de la terre. p. 280

(…)

Sait-elle qu’il la pose ? Qu’elle lui sert à cela : à enterrer ses ombres et toutes les autres avec, celle des milliers de morts de Canne della Battaglia. Un dieu va enfin veiller sur eux, le dieu nain que l’on glisse sous la tête des défunts pour les apaiser et écarter les tourments. Il la glisse, là dans la colline de Canne della Battaglia et tous sentent un soulagement. Écoutez nos défaites. p. 281

Laurent Gaudé

Écoutez nos défaites

Acte sud, 2016

Cieux de Lanau…

Les choses se taisent pour me laisser dormir

pourtant le silence de ce jour nouveau

grince comme la hulotte blottie dans l'obscurité…


Et pourtant je bondis ce matin d'hiver

encore endormi mais comme appelé

par les lueurs déjà tièdes du levant…

Les pieds nus sur la dalle froide

je suis face aux couleurs mouvantes

embrasant la ligne saccadée de l'horizon…


Les cieux s'enflamment vite et dansent

sous mes yeux éblouis et illuminés

par ces aubes célestes, inoubliables de Lanau…

Noël à Lanau…

Ils étaient tous là,

venus de Lutèce en train

malgré les grèves,

depuis Lugdunum

en passant par monts et forêts…

Nous étions là pour ce Noël en Quercy,

au coin de la cheminée,

dans la campagne endormie,

et à table les papilles étaient en joie…

L'âge m'emporte…

L'âge m'emporte,
Je me penche calmement
au-dessus d'un abîme
qui ressemble
à la chambre funéraire
d'un pharaon,
les formes et les couleurs des corps
sont immuables,
la cendre coule
le long des murs,
à la place du lit
je trouve un autel
ou une barque.

Bernard Faucon

Chambres d'amour

Belle et Joyeuse Année…

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Les arbres sont des aveugles

errant dans la lumière,

bras lancés au hasard.

Christian Bobin

Noireclaire